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La nuit du faune / Romain Lucazeau
Livre
Edité par Albin Michel. Paris - 2021
La petite Astrée vit seule au sommet d'une montagne, entourée de vieilles machines silencieuses. Un après-midi, elle est surprise par l'apparition inopinée d'un faune en quête de gloire et de savoir. Mais Astrée est en réalité la dernière représentante d'un peuple aux pouvoirs extraordinaires. A la nuit tombée, tous deux se lancent dans un voyage intersidéral aux confins de la voie lactée. ©Electre 2021
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"L'enfance relevait du déguisement. Et, en même temps, elle avait déteint sur sa nature, l'avait changée"
Ce récit est celui d'un voyage à travers l'univers, dans lequel un faune qui n'en est pas vraiment un est entraîné par une fillette qui n'en est pas du tout une. Pour rencontrer, découvrir, apprendre, et savoir si il existe une issue au perpétuel cycle de la croissance suivie de l'effondrement, une raison d'espérer face aux drames du progrès et à l'éternel retour de l'entropie. La nuit du Faune est un récit à part, voire jusqu'au-boutiste. En s'attaquant à des enjeux d'ordre cosmique, à des échelles de temps assez écrasantes, Romain Lucazeau fait jouer à plein son érudition en matière de philosophie (normal, pour un normalien). On aura donc une ambition assez vertigineuse, proposant différentes hypothèses / civilisations / formes de vies pour répondre à la question du devenir de tout ce qui est (rien que ça !). Cet inventaire des possibilités, qui recoupe beaucoup d'expériences de pensées et de thèses, issues de la philosophie, des sciences dures et de la science-fiction, est à proprement parler fascinant, mais très dense, et surtout réalisé au détriment des personnages, dont le vécu passe au second plan. Le potentiel poétique et dramatique de l'intrigue, pourtant très marqué, n'est pas exploité autant qu'on pourrait le souhaiter, mais cela ne fait que renforcer le caractère très affirmé du projet de l'auteur. Une œuvre à part, ardue, entière, et d'une envergure qui la démarque clairement de la majeure partie de la production éditoriale.
Maxime Collomb - Le 16 novembre 2021 à 15:51